Prospection mi-décembre en Gironde

Juste avant les grands froids, rendons compte d’une prospection mycologique le 14 décembre, en Entre-Deux -Mers, plus précisément sur la commune de Daignac.

Dans une chênaie pubescente, avec charmes (Carpinus betulus), noisetiers (Corylus avellana) et Ruscus aculeatus sur marne, 34 espèces dont on trouvera la liste ci-dessous, ont pu être identifiées.

On remarquera que la période précédente avait été une période pluvieuse importante dès la mi-octobre se poursuivant dans le mois de novembre et début décembre. Les espèces rencontrées ce 14 décembre étaient souvent à maturité semblant indiquer une fin de saison mycologique bien proche sur ce secteur!

Voici la liste de nos « trouvailles » et quelques photos d’entre elles in situ.                             

AMANITA phalloides 1ex à maturité

LEPIOTA forquignonii 1ex

LYCOPERDON perlatum ++ (desséchés!)

TRICHOLOMA album 3ex

TRICHOLOMA quercetorum / ustale 1ex à maturité

TRICHOLOMA squarrulosum 2ex

DERMOLOMA cf. cuneifolium  1ex en lisière, à maturité

HYGROCYBE pseudoconica + (bord de prairie)

HYGROPHORUS penarioides + la plupart fin de maturité

HYGROPHORUS russula +++ encore des exemplaires corrects !

CLITOCYBE nebularis ++ à maturité

ARMILLARIA mellea + fin de maturité

HEBELOMA sinapizans + fin de maturité

INOCYBE fraudans + à maturité

INOCYBE griseolilacina 3ex

CORTINARIUS croceocaeruleus 1ex (cortinaire bleuté)

CORTINARIUS elatior 2ex fin de maturité

CORTINARIUS olivaceofuscus (=C.carpineti) 1ex

CORTINARIUS sordenscentipes. 2ex

GALERINA marginata ++

LACTARIUS brittanicus var.pseudofulvissimus ++

LACTARIUS decipiens +

CLAVULINOPSIS cf.laeticolor 1ex

RAMARIA cf. flavobrunnescens 2ex

RAMARIA stricta +

HYDNUM albidum +++

HYDNUM cf.umbilicatum +

HYDNUM magnorufescens +

CANTHARELLUS ferruginascens ++

STEREUM hirsutum+++

GANODERMA lucidum 3ex

SCLERODERMA areolatum 1ex

AURICULARIA mesenterica ++

LEOTIA lubrica +

++++ Très abondant et disséminé partout Nb > 50ex.

+++ Abondant Nb > 20ex.

++ Peu abondant 5 ex. < Nb < 10 ex.

+ 1ex. < Nb.< 5 ex. Espèce remarquable, rare ou indicatrice d’écosystème remarquable .

J-C.B. et M.P.

                   

Les mêmes à Gradignan (33)

Quelques Chanterelles à Canéjan déjà ici évoquées. Auraient-elles poussé pas loin de là? Effectivement, ce 22 novembre, elles se dressaient entre les aiguilles dans le petit bois d’à côté à Gradignan.

Pas encore très développées mais témoignant d’un début de pousse prometteur.

Assez éparses

ou en ligne, les Chanterelles à pied canelle tissaient leur dentelle entre les mailles des grosses aiguilles de pin. D’autres espèces étaient bien sûr présentes telles les Amanites citrine mais on pouvait observer par exemple

cette Amanite rougissante

ainsi que, dans la gamme des comestibles, quelques Lactaires délicieux et un bouquet de Bolets bai.

Plutôt pour le plaisir des yeux, quelques touffes de Tricholome agrégé qui seraient d’après Wikipedia « un des trois meilleurs comestibles dans la gastronomie japonaise » et le Bolet des bouviers.

Encore plus spectaculaire cet Hypholome en touffes faisait le siège d’un tronc bien coupé alors que quelques troncs déracinés portaient ombrage aux chemins du bois d’à côté en les barrant mais pas de difficulté à les contourner d’autant que cela facilitait les découvertes d’espèces cachées des regards des promeneurs.

M.P.

Les revoilà à Canéjan (33)

Dimanche après-midi, réflexion: « et si elles étaient apparues à Canéjan? » Pourquoi pas aller y faire un tour. Sitôt dit … et nous voilà sur des lieux peuplés de pins, bordés de nombreuses voitures et donc fréquentés par quelques promeneurs à la recherche de Chanterelles.

Parmi les espèces présentes une Amanite tue mouches et une Helvelle crépue. Les Suillus sont de sortie

avec le Bolet des bouviers et de fil en aiguilles nous allons en rencontrer

toutes jeunes et en très petite quantité en un seul endroit. Ce n’est pas faute d’avoir inspecté tous les lieux supposés favorables à la pousse des Chanterelles mais ici nous sommes vraisemblablement au tout début de l’émergence de Craterellus lutescens. Ailleurs en Gironde, croit-on savoir, elles ont été récoltées en quantité. Nous trouverons un seul Bolet bai et bien plus loin, dans un autre biotope plus feuillu et surtout herbeux

apparaîtront de magnifiques Agarics auguste aujourd’hui déconseillés à la consommation. Pour les Chanterelles il conviendra de revenir plus tard et même, peut-être en février pour celles dites en tube.

M.P.

Balade en Bazadais

Pas de quoi crier Victoire en ce 11 novembre. Quoique! Les assiettes présentant les espèces rencontrées lors d’une balade en groupe dans la région de Bazas, en Gironde, témoignaient d’une certaine diversité. Saprophytes, mycorhiziens et parasites aidaient grandement à la démontrer à un public attentif parcourant prairies et bois de feuillus et de résineux , ces derniers bien habités par ronces et fougères.

Un seul Cèpe de Bordeaux y était trouvé, le chapeau orné du liseré clair le caractérisant notamment. En revanche de nombreuses Coulemelles s’étaient dressées et souvent affaissées ces derniers jours et les Marasmes des oréades paradaient en cercles au bord de leur mycélium.

Quelques Girolles également s’ajoutaient aux comestibles dans les paniers des amateurs cuisiniers en champignons.

C’était l’occasion aussi de parler de la toxicité de certaines espèces comme le très joli Mycène rose, de différencier Coprin chevelu et Coprin pie et de montrer, sur le terrain, comment les très nombreux Agarics jaunissant peuvent être confondus avec les Rosés des prés. Bref une petite leçon de choses un jour de fête pour petits et grands.

Michel Pujol

Le Rosé de très près dans le champ d’investigations

Les confusions entre Rosé des prés, Agaricus campestris, et Agaric jaunissant, Agaricus xanthodermus sont fréquentes en ce moment. En ce jour de Toussaint à quel saint se vouer pour ne pas se tromper? Aller sur le terrain, un pré par exemple. Pourquoi pas celui d’un parc municipal de Gradignan où nous avions déjà observé ces agarics parmi ceux qui jaunissent au grattage et si, d’aventure, ils voisinent avec d’autres agarics dont les pieds, amincis à la base, eux ne jaunissent pas, alors comparaison sera raison. D’ailleurs, texte écrit après balade facilite la démonstration…

Pour tout dire, la veille, nous les avions repéré et les images prises au smartphone supportaient mal leur traitement avec Photoshop. Muni d’un appareil photo adéquat, nous les avons surpris en rond pour une image renversante. Dessus-dessous l’observation est plus précise. Un chapeau teinté de nuances un peu roses, à la marge légèrement enroulée, aux lames épaisses et surtout un stipe aminci à la base dont l’anneau s’applatit vers le bas. Bref le vrai Rosé des prés vu de près dans son pré.

Cette pousse en début de cercle frôle la bordure du mycelium qui fait tache dans le sol et ce Saprophyte profite d’année en année.

Pas très loin, dans le même parc, les « jaunes » pas nains du tout étaient présents.

Leurs chapeaux plus clairs et moins aplanis que leurs « cousins » du même genre mais pas de la même espèce paraissaient comme cabossés et surtout le grattage du stipe laissait apparaître un peu de jaune.

Les lames, plus grises, paraissaient moins denses et l’anneau ample enfermait les plus jeunes.

Restait à les comparer de près dans leur pré.

Ces caractères distinctifs en A.c. (Agaricus campestris) et A.x. (Agaricus xanthodermus) ne laissaient aucun doute sur leurs différences. Cela dit, le genre Agaricus comporte de nombreuses espèces la plupart toxiques ou à rejeter parmi lesquelles A. xanthodermus et certaines comestibles comme A. campestris, A. sylvicola, A. arvensis et A. ocecanus.

Rencontrés également en nombre ce matin ces Marasmes parmi les comestibles (cuits sans le pied).

Ainsi que deux Leucoagaricus leucothites à ne pas confondre avec des petites Lépiotes.

Et, enfin ces Vesses de loup qu’il convient de fendre pour en préciser l’espèce, Vascellum pratense, reconnaissable à sa séparation entre gléba et subgléba.

Michel Pujol

En conférence à Pujols-sur-Ciron

A l’invitation du Comité de jumelage et d’animation de Pujols-sur-Ciron, « A la poursuite des champignons » tenait conférence vendredi 27 octobre en soirée au foyer rural. Il s’agissait, à l’aide de diaporamas, de connaître, reconnaître les espèces de champignons et bien sûr de savoir comment éviter les confusions.

Des participants avaient apporté leurs cueillettes, l’occasion notamment de montrer de visu les lames espacées du Marasme des oréades et la lamellule en bord de chapeau ainsi que ce pied qui résiste à la torsion. De distinguer aussi entre genres, Russules, Lactaires, Amanites, Agarics, Armillaires etc.

Un public très intéressé qui posait de nombreuses questions et qui suscitait beaucoup de plaisir à partager quelques connaissances et expériences. Les appelations locales étaient évoquées dont celles en catalan et occitan.

Les diaporamas projetés avaient pour but de faire bien connaître le monde fongique, ses façons d’exister et toute sa diversité. L’occasion aussi de faire part de la Mycoliste, forum d’échanges entre Centres anti poison et mycologues, et montrer quelques exemples de confusions à l’origine d’intoxications.

Un tour d’horizon bien apprécié dans cette vallée du Ciron où rêgne un champignon très particulier, la pourriture noble du raisin, Botrytis cinerea sans qui le sauternes n’existerait pas.

M.P.

Depuis Les Terrasses jusque dans les bois de Martignas-sur-Jalle

L’année dernière la sortie champignons du Centre SocioCulturel Les Terrasses s’était déroulée le 10 novembre. Cette année, toujours accompagnée par « A la poursuite des champignons » elle a eu lieu aujourd’hui 23 octobre. Qu’allait-on découvrir, redécouvrir?

A quelques pas des Terrasses le groupe conduit par Cyrielle Turban, référente familles du Centre, inspectait les lieux susceptibles « d’abriter » quelques carpophores et les enfants découvraient…

… tapis dans les herbes ces petits boutons qui poussent souvent en ronds de sorcière Marasmius oreades, appelé plus communément faux mousseron (le vrai, Calocybe gambosa lui pousse au printemps). La balade commençait donc par une espèce comestible.

Elle allait se poursuivre dans le bois tout proche et révéler quelques espèces lignicoles, notamment Fistulina hepatica, la Langue de boeuf également comestible et Gymnopus fusipes, la Collybie à pied en fuseau. Ces deux espèces étaient présentes en nombre et voisinaient avec de nombreux Gymnopus dryophilus, la Collybie des chênes, des Russules diverses souvent en état de déliquescence et des Lactaires dont Lactarius controversus qui, lui, restait en état « convenable » (ci-dessous, à droite, chapeaux blanchâtres centres foncés).

Le plaisir de la balade aiguisait (ci-dessus) le sourire de Cyrielle Turban accompagnée (à gauche) de Josette Bastida fidèle parmi les fidèles des sorties champignons de Martignas.

Bien d’autres espèces étaient trouvées et commentées à la fois sur le terrain et de retour en salle (séparées dans des assiettes) dont Amanita phalloides, l’Amanite phalloïde hautement mortelle. La présence, par ailleurs, d’une Amanite tue mouches permettait de conter l’histoire des chamanes de Sibérie.

La traditionnelle photo du groupe des participants à la sortie reflétait le plaisir d’une balade sans que le parapluie n’ait besoin d’être ouvert. Le Ciel était de la partie…

Michel Pujol

Parc du Burck à Mérignac (33): champignonnons sous la pluie

Le Centre socioculturel Arts et Loisirs Arlac avait convié, samedi 21 octobre, « A la poursuite des champignons » à l’accompagner dans une balade mycologique destinée à ses adhérents. Le parc du Burck, à Mérignac, avait été choisi comme lieu de découverte.

Ema Ponson animatrice au Centre socioculturel conduisait les participants, petit et grands, que la pluie n’avait pas rebuté. En effet Kway et parapluies étaient bien utiles pour se glisser entre feuillus et résineux entremêlés de fougères et de houx pour aller à la rencontre des espèces présentes.

Surtout des lignicoles étaient trouvés et bien sûr commentés. Telle Fistulina hepatica la Langue de bœuf (photo de tête), un exemplaire bien jeune tout à fait comestible qui pouvait intéresser l’atelier conserverie de l’association. Le but étant de découvrir des champignons comestibles et quelles précautions prendre pour leur consommation. Autres lignicoles trouvés également des Amadouvier, des Polypores dont le très présent, du printemps à l’automne, Polyporus tuberaster. Des Amanites diverses étaient en voie de décomposition mais on trouvait encore une Amanite phalloïde dont on pouvait montrer la volve, l’anneau, les lames blanches et le chapeau verdâtre, le tout encore en bon état. Bonne occasion de parler de ce champignons mortel et de la recrudescence des intoxications cette année.

Avant de se séparer, le groupe se rassemblait pour la photo de la journée, l’un d’entre-nous brandissait deux Russula nigricans, ces russules noircissantes qui se sèchent, noircissent et bravent l’hiver plus longtemps que les autre espèces. L’exception confirmerait-elle la règle?

Michel Pujol

SAVEURS D’AUTOMNE À FONTET : QUATRE JOURS DE MYCOLOGIE ET BIODIVERSITÉ

L’association A la poursuite des champignons a été sollicitée une nouvelle fois par l’association des Anciens élèves de Fontet, commune girondine aux portes de La Réole, pour accompagner, du jeudi 12 octobre au dimanche 15 octobre la deuxième édition de « Saveurs d’automne, Mycologie, Biodiversité ».

Quatre jours au cours desquels nous avons eu beaucoup de plaisir à revoir et collaborer avec Anne Laborde, cheville ouvrière de l’organisation et du déroulement, l’association des Anciens élèves, des élus et de nombreux bénévoles.

 La salle des fêtes de Fontet, ouverte au public du vendredi au dimanche, servait de cadre à des expositions à dominante mycologique, produits locaux, et à l’accueil des élèves de l’école élémentaire de Fontet (vendredi). Une conférence : « Les champignons. Les connaître. Les reconnaître. Eviter les confusions » se tenait le samedi après-midi.

Trouver quelques champignons pour les exposer c’était le but de la sortie du jeudi matin dans différents lieux repérés et choisis autour de Fontet, notamment à Noaillac. Sous la conduite d’Anne Laborde, quelques participants (un groupe ci–dessus) devaient prélever quelques espèces.

 Et nous retrouvions, comme il y a deux ans et en grand nombre Lactarius controversus (photo ci-dessus).

Pour ajouter à la diversité des espèces exposées (liste en fin d’article) d’autres champignons étaient ajoutés provenant de récoltes récentes (au Porge, autour de Fontet et dans le Créonnais)

Jean-Christophe Blanchard (A la poursuite des champignons) nous rejoignait ce jeudi pour, comme lors de la précédente édition, peaufiner la détermination et attribuer des étiquettes existantes et en rédiger d’autres. Il convenait, bien sûr, de présenter les espèces encore en état et qui ne manqueraient pas de se dégrader quelque peu en quatre jours de présentation au public. Quelques autres furent apportées par des visiteurs et étiquetées sur les tables

Un coin réservé aux espèces parmi les plus toxiques était aussi habité par la figure inquiétante, et très remarquée, de la « Grande Faucheuse » à laquelle s’était jointe une autre figure maléfique. Entre elles, la fée de ces journées, Anne Laborde (photo ci-dessus), rassurait tout en précisant que les Chlorophyllum brunneum, Inocybes toxiques, Amanites panthère et une Amanite phalloïde devaient inciter les consommateurs à la plus grande prudence et se méfier des confusions à l’origine souvent d’intoxications plus ou moins graves voire mortelles.

Vendredi les élèves de Fontet, venus accompagnés des enseignantes et de quelques parents, étaient organisés en petits groupes pour une visite guidée et commentée autour des tables d’exposition. Observer les champignons exposés mais aussi dessiner, lire la documentation très complète, les affiches, participer à des travaux pratiques. Nombre de questions pertinentes de leur part furent posées et beaucoup de réponses apportées. Comestibilité ou pas ? qu’est-ce que c’est ? où ça pousse ? etc. En fin de tour de tables un jeu leur était proposé. Il s’agissait de trouver quelle espèce étiquetée avait été mise dans plusieurs assiettes sans indication et bravo ! la Souchette du peuplier était bien identifiée.

Samedi et dimanche place aux aînés.

Samedi après-midi, un public nombreux, très à l’écoute, assistait à la conférence. Grâce à la projection de trois diaporamas les thèmes de la connaissance, reconnaissance et les moyens d’éviter les confusions étaient développés. Les questions rejoignaient celles des plus jeunes, les expériences en plus.

Dimanche l’ouverture au public continuait et la proximité, devant la mairie, d’une manifestation d’Octobre Rose haussait la coloration des visiteurs et aussi leur nombre. Puis vin d’honneur et excellent repas rassemblaient les organisateurs. L’après-midi l’exposition clôturait ces journées, remarquablement organisées, dédiées au monde des champignons et à la biodiversité.

Michel Pujol

Ci-dessus, quelques photos de Patrick Villars qui a aidé à l’organisation de ces journées.

Espèces identifiées exposées :

Fuscoporia torulosa (anciennement Phellinus torulosus), Phaeolus schweinitzii ,Fistulina hepatica, Bjerkandera adusta, Tapinella atrotomentosa, Leucopaxillus compactus, Coprinus comatus, Agaricus augustus, Lactarius controversus, Pluteus salicinus,                                                                                                          Leccinum aurantiacum, Hemileccinum depilatum, Boletus aereus, Bolelus aestivalis, Rheubarbariboletus armeniacus, Gyroporus castaneus, Leccinum pseudoscabrum, Neoboletus erythropus,                                                                               Macrolepiota procera, Macrolepiota mastoidea, Gymnopus fusipes, Cantharellus pallens, Cyclocybe cylindracea, Hohenbuehelia geogenia, Megacollybia platyphylla, Amanita cf. argentea/vaginata,  Amanita rubescens, Amanita excelsa variété spissa, Amanita caesarea, Artomyces pyxidatus, Lycoperdon perlatum, Scleroderma citrinum, Schizophyllum commune, Polyporus tuberaster, Calocera viscosa,          Daedaleopsis confragosa, Fomes fomentarius, Pisolithus arhizus, Tricholoma scalpturatum, Agaricus butyreburneus, Lactarius decipiens, Lactarius azonites, Lactarius circellatus, Latifluus rugatus, Lactarius zonarius, Russula virescens, Russula nigricans, Russula cf. torulosa, Russula foetens, Russula cf. maculata.

Sur les tables des plus toxiques :

 Paxillus olivellus, Inocybe asterospora, Hebeloma sinapizans, Chlorophyllum brunneum, Inocybe fraudrans, Inocybe rhodiola, Inocybe cf. fastigiata, Amanita pantherina, Amanita phalloides, Lepiota cristata.

En quatrième au Porge, la rando des cèpes

Sur la page Facebook de Sports Loisirs LE Porge-Sllp on peut lire:

« Belle réussite de notre journée rando des cèpes du dimanche 8 octobre, dans le cadre de notre beau site du Pas du Bouc. Des participants nombreux et heureux ont apprécié la randonnée mycologie en forêt et le repas  » rougail saucisses concocté par Gwen , ainsi que les activités canoë tir à l’arc ou encore la balade à cheval avec les écuries Equi-mamour. »

Voilà bien résumé cet évènement auquel, comme l’année dernière (9 octobre 2022), l’avant dernière année (10 octobre 2021) et l’anté pénultième (28 septembre 2020) « A la poursuite des champignons » avait été conviée à l’animation de la partie mycologique.

Pour cette quatrième participation de notre association on notait un très grand nombre de randonneurs, à la poursuite des champignons, conduits par Olivier Fitte lequel guidait le groupe, depuis le Pas du Bouc, à travers la forêt communale sur et autour de l’ancienne piste des résiniers, à proximité du canal.

Premier arrêt sur le bord du chemin pour observer un lignicole qui ne manquait pas d’allure Trametes versicolor.

De nombreuses espèces étaient rencontrées mais c’est Boletus edulis, le Cèpe de Bordeaux qui provoquait une grande joie chez les participants comme en témoignent les photos ci-dessous.

Cette année, au contraire de l’année précédente, la Rando du cèpe justifiait son appellation.

Bien d’autres espèces étaient découvertes, au gré des pas et des investigations dans ces biotopes de feuillus et résineux avec une abondance de Coulemelles Macrolepiota procera, quelques jeunes mais la majorité plutôt en fin de vie.

Pour certains champignons, il était utile de vérifier leur odeur (photo ci-dessus) pour mieux les reconnaître.

En fin de parcours, de retour au Pas du Bouc, des tables étaient dressées pour examiner et commenter la récolte à partir de quelques spécimens encore en état.

Bolets, Lépiotes, Russules, Paxilles (notamment à pied noir), Agarics etc… étaient décrits avec très souvent la réponse à la question du public très intéressé: comestible ou pas? L’occasion de rappeller la bonne conduite à observer pour surtout éviter les confusions et les intoxications.

Avant de passer … à table bien sûr.

Michel Pujol

D’un jaune l’autre

Les champignons nous en font voir de toutes les couleurs. Ainsi le jaune le 23 juin dans le bois d’à côté où nous retrouvions en grand nombre ce que nous pensions être l’Amanite citrine et qui se révélait, vu du pied, et de l’avis d’experts en mycologie qui ont consulté une version précédente de cette chronique, l’Amanite à pied en étoile, Amanita asteropus.

Allait-on revoir à proximité, comme ces derniers jours, les 16 et 24 mai, une autre jaunette pâle et pruineuse? Pas au même endroit en tout cas. En revanche Les Collybies à larges feuilles s’épanouissaient en plusieurs endroits

enfouissant leurs cordons mycéliens dans le sol humide. Plusieurs espèces de Russules nous interrogeaient

sur leur identification. Celles en haut à gauche étaient à saveur douce, rose au fer. En revanche celles dessous étaient très piquantes, rose foncé-brun au fer et celles de droite piquantes également, rose au fer, bleu sur lames au gaïac, s’apparentant peut-être à Russula rubra. En revanche, point de doute sur les suivantes

bien que plutôt minuscules. Nous retrouvions pour la première fois cette saison la Russule verdoyante, selon nous, la meilleure des Russules dans l’assiette. Dans un bois très pourvu en charmes

il était logique d’y rencontrer le Bolet des charmes ici en état de maturité très avancée et très sec, plus petit. Autre espèce dont les spores s’envolent sous les pieds enfantins

ce Scléroderme aérolé.

Enfin, à un autre endroit qu’habituel bien que pas trop éloigné,

nous retrouvions, en très petite quantité, la Girolle pruineuse plus foncée que précédemment mais bien reconnaissable. Jaune citrin? Un citron pruineux…

Michel Pujol

Dessus-dessous: un sens?

Regarder un champignon dessus puis dessous ça tombe sous le sens. Parfois ça suffit mais sentir, goûter-recracher, évaluer son environnement flore- nature du terrain et passer au microscope c’est souvent utile. Consulter la littérature peut également aider à la détermination. Arrêtons-nous aujourd’hui à la première démarche en ce joli mois de mai à une semaine de distance.

Le 16 mai, dans le bois d’à côté, nous trouvions , dans sa deuxième jeunesse, un Cèpe d’été, Boletus aestivalis, chair blanche et pied réticulé. Non loin de là notre première Girolle pruineuse, Cantharellus pallens, très petite (ici zoom sur les photos) dessus clair comme farineux et dessous aux plis jaunes. Chaque espèce en un seul exemplaire de même que cette Collybie du chêne, Gymnopus dryophilus, chapeau clair, foncé au centre, pied brun et lames serrées, à proximité de chênes.

Une semaine plus tard, hier 24 mai, retour sur les mêmes lieux. Pas de Cèpe d’été mais une Amanite fauve, Amanita fulva, au chapeau mamelonné, strié au bord, pied sans anneau, lames blanches. Et nous retouvions une seule Girolle pruineuse, Cantharellus pallens, bien plus grosse que la précédente et épanouie en bouquet de trois chapeaux sur le même pied. Enfin une espèce aussi comestible que la précédente (mais seul le chapeau), un Bolet rude des charmes, Leccinellum pseudoscabrum, bien reconnaissable une fois renversé et, ce n’est pas le fruit du hasard, sous les charmes qui abondent dans le joli bois d’à côté.

En mai fais ce qui te plait, et, pourquoi pas un peu de mycologie…. ça tombe sous le sens.

Michel Pujol

Par Saint Georges!

Ne lui cherchez pas une tête de dragon mais plutôt une période de pousse. Autour du 23 avril, la date de la fête de Saint Georges. Ainsi Calocybe gambosa, le « vrai » Mousseron, est-il aussi appelé Tricholome de la Saint Georges. Nous l’avons retrouvé ce 9 mai dans un parc de Gradignan où nous épions sa présence au fil des balades.

Parmi nos récoltes de cette espèce en Gironde on enregistre, par exemple, les dates du 4 avril 2011, 22 avril 2012, 19 avril 2018. C’est le 7 mai 2020, au parc de l’Hermitage, au même endroit que cette année 2023, que nous l’avions observé.

Cette fois, il y poussait en plus grand nombre, plus éparpillé. A plusieurs degrés de maturité on observait, jeune, le stipe trapu puis plus élancé (ci-dessus) et le chapeau du début à bord enroulé puis s’étalant et se tachant au fil du temps.

Les lames serrées brunissaient aussi avec l’âge. A voir comment, sur cette station, cette espèce s’était propagée, revenaient en mémoire les observations que nous avions lues dans le premier tome des Champignons du nord et du midi d’André Marchand consacré aux « meilleurs comestibles et principaux vénéneux ».

Précisons que c’est dans la cinquième édition de cet ouvrage paru en 1971 et réactualisé en 86 (pages 108 et 237) que l’on lit sous la plume d’André Marchand: « Un vieux berger nous a confié comment, à sa manière, il cultive les mousserons. Il réserve tous les spécimens trop gros ou défraîchis, ainsi que les épluchures de ses récoltes. Il enterre ces débris à un travers de main sous le gazon de terrains très calcaires qui produisent déjà des mousserons. Quelques pierres marquent l’endroit et le tiennent au frais. Au bout de 2 à 4 ans, la semence fructifie dans 10% des cas environ. »

L’histoire ne dit pas si la réponse de la bergère au berger a été de lancer ainsi , à plus grande échelle, la culture du Mousseron, Tricholome de la Saint Georges, Calocybe gambosa.

Ce même 9 mai nous avons rencontré un jeune Hypholome en touffes et de vieux Anthurus d’Archer

Point besoin d’envisager le culture de ces espèces tant ils foisonnent le moment venu dans nos bois. Les derniers font mouches à tous les coups.

Michel Pujol

Avant la pluie

Il pleut en ce moment et c’est plutôt bon signe pour les prochaines récoltes mais avant que les averses ne fouettent le sol girondin des environs de Bordeaux nous avions , les 7 et 11 avril, rencontré quelques espèces.

Nous retrouvions, en plus grand nombre, sur le même site déjà évoqué lors de notre précédente chronique, Polyporus tuberaster synonymisé avec P. forquignonii et P. lentus. Son habitat lignicole, ici posé sur des branches de charme, lui permet d’attendre les gouttes du ciel. Sa petite taille comparée à l’espèce qui va suivre permet de bien le distinguer de cette dernière. Outre la taille, son chapeau en naissance d’entonnoir au centre (ci-dessus à gauche) est un des critères utile pour l’identifier.

Non loin de la station des Polypores de Forquignon nous allions trouver, en deux exemplaires proches l’un de l’autre, le Polypore écailleux, Cerioporus squamosus au chapeau plus applati et surtout plus large (ci-dessus à droite) aux écailles brunes.

Quatre jours après il ne pleuvait toujours pas et c’est sous les pins dans une prairie qu’apparaissaient trois bolets rabougris quelque peu asséchés.

Le haut de leurs pieds couvert de granulations brunes permettait de reconnaître ici le Bolet granulé, Suillus granulatus qui est bien plus facilement identifiable à l’état jeune mais, après la pluie nous scruterons cet endroit sans aiguilles sous roche mais aiguilles sur mousse.

Michel Pujol

Chez les précurseurs

C’est l’une des premières espèces que l’on voit poindre au printemps sur les branches à terre de feuillus en particulier les chênes et les charmes. De fin mars à … début octobre. En effet, en consultant nos articles sur ce site, Polyporus tuberaster est répertorié en avril et mai (Gradignan 2015, 2020, 2021 et 2022), en juillet (Gradignan 2020) et même en octobre (Le Porge 2022).

Cette année, c’est toujours en Gironde, le 30 mars, à Illats, que nous l’avons revu:

trois petits carpophores sur une branche au sol (ci-dessus au centre) étaient les seuls champignons trouvés dans cette forêt où nous rencontrons une grande diversité d’espèces tout au long de l’année. Trois exemples de la croissance de ce Polypore (en haut et en bas) du petit au plus épanoui. La base du pied paraissait un peu renflée mais il était difficile de dire qu’il y avait un sclérote.

En recherchant dans la littérature, par exemple chez Marcel Bon (édition 2004) P. tuberaster est synonymisé avec P. lentus et P. forquignonii et apparaît après P. squamosus comme étant « plus petit 3-6 cm,circulaire, à stipe plus ou moins central issu d’un sclérote noir parfois peu évident. » Chez André Marchand (édition 1974) est évoqué « Polyporus lentus (=P. forquignonii) » qui se « distingue du Polypore écailleux (P. squamosus) par sa taille » et aussi notamment  » par son pied floconneux-hérissé… parfois noirâtre à l’extrème base… » . Marchand évoque « une espèce collective » et cite un auteur (H. Jahn) qui en 1969 estimait que « P. forquignonii n’est rien d’autre qu’une forme naine de P. lentus sur les petites branches. »

Guillaume Eysartier et Pierre Roux (édition 2017) Synonymisent également P. tuberaster avec P. forquignonii et P. lentus et citent plusieurs autres petits polypores avec un pied qui ressemblent au Polypore de Forquignon et se différenciant notamment au niveau de leurs pores.

Quelques temps après notre balade Illadaise nous sommes revenus dans une forêt de Gradignan où nous avons photographié P. tuberaster dans les années citées plus haut. C’était le 2 avril et là de nombreux carpophores se dressaient sur des branches de charme en plusieurs endroits.

Quelques autres lignicoles étaient aussi présents en particulier un Ganoderme luisant et rutilant.

Mais P. tuberaster alias P. forquignonii et P. lentus trônaient sur leurs branches. En territoires conquis de longue date en quelque sorte.

Michel Pujol

Touffe printanière

Chantera-t-il ce printemps dans les buissons? Arrivé hier, aussi dans les bois, il fleurit abondamment notamment de bleues Muscaris. Quant aux carpophores, ils ne sont pas légion excepté un Amadouvier ancien toujours fidèle au poste. En fin de balade une touffe apparaît …

Ces Hypholomes auront été les seuls « frais » de notre promenade printanière. Récents ci-dessus.

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Plus évolués ci-dessus.

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Vus dessus dessous ces Hypholomes méritent bien leur appellation en touffes. On ajoutera que cette espèce est mortelle comme on le lira sur Mycodb qui relève notamment un cas mortel au Japon en 1983.

Mars et ça repart?

Un petit tour dans le bois d’à côté. Et si à la mi mars ça repartait?

Ces vestiges de Chanterelles à tube Craterellus tubaeformis qui perduraient dans un endroit où nous en avions déjà récolté mais en seulement quatre exemplaires et aucune autre autour ni sur une autre station habituelle.

Seuls autres champignons aperçus ces Amanite citrine Amanita citrina. Une à l’abri d’un pied d’un arbre et l’autre en bord de chemin, loin l’une de l’autre. En attendant un peu de chaleur pour booster les pousses…

M.P.

En cuisine avec des chanterelles

Et si nous évoquions quelques façons d’accommoder agréablement les champignons dont la comestibilité (consommés avec modération) est avérée. Ici ces chanterelles côtières ou de l’intérieur des terres.

Les périodes de gel ralentissent singulièrement les pousses et, pour de nombreuses espèces, les arrêtent net. Certaines zones abritées résistent à ce coup d’arrêt alentour mais, une fois que le grand froid les a atteintes, il ne reste plus d’espoir d’y trouver, en dehors de quelques lignicoles, de champignon comestible sauf … les chanterelles.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 2992873385.jpg En effet, un 20 janvier nous avions observé des Craterellus tubiformis (chanterelles à tube) qui s’étaient épanouies, après les journées de gel, sous les fougères à l’abri de résineux et de feuillus et sur les chemins moussus. Nous en avions récolté quelques unes pour réaliser les illustrations de la recette qui suit.

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Nous ne l’avions pas vérifié le jour même mais sans doute  les Craterellus lutescens (chanterelles à pied jaune) poussaient-elles aussi … en même temps.

 Chanterelles à la crème

Recette allant aussi bien avec les chanterelles à pied jaune (Craterellus  lutescens) qu’avec les chanterelles en tube (Craterellus tubiformis). Les premières sont familières du littoral atlantique sous les résineux (chapeau café au lait à brun très découpé et en entonnoir aplati, pied long et jaune). Les autres poussent plutôt dans la mousse sous les feuillus et les pins (chapeau brun rond en entonnoir aplati, pied jaune à gris foncé très tubulaire.

 Cette façon d’accomoder ces champignons (applicable aussi à d’autres comme les pieds de mouton) m’a été transmise, il y a quelques années, au pied du marbre de « Sud Ouest  » par Christian Desbrosses, metteur en pages, fin chercheur et goûteur. Je n’ai jamais reçu de reproche de la part des amis avec qui j’ai partagé, à ma table, ces « chanterelles à la crème ». Ma préférence va toutefois aux Craterellus lutescens à la texture plus souple et fondante mais avec les Craterellus tubiformis utilisées ci-dessous c’est pas mal non plus.

                                                                            M.P.

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Ingrédients, outre les chanterelles, ail, échalote, oignons, lardons fumés, crème fraîche, vin blanc sec, cognac ou armagnac ou calvados. Il n’est pas nécessaire de saler et poivrer à cause des lardons fumés. La première fois, ne le faire qu’à la fin de la préparation si on trouve le plat pas assez relevé à son goût.

 Séparément :

  • – faire revenir les chanterelles à la poêle dans un peu d’huile d’arachide ou d’olive après les avoir nettoyées et fait rendre de leur eau ( éventuellement au micro-ondes)
  • – dans une cocotte en fonte, faire roussir les lardons fumés puis ajouter ail, oignon et échalote coupés en petits morceaux. Laisser fondre doucement. Mouiller avec le vin blanc et laisser mijoter tranquillement.
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Ensemble, dans la cocotte, ajouter les chanterelles à la sauce, mouiller avec un peu de vin blanc, mélanger et laisser mijoter.

 Lier chanterelles et sauce avec de la crème fraîche. Laisser mijoter en tournant lentement à la spatule en bois.

Enfin, jetez-y un filet d’armagnac ou de cognac ou de calvados : ça sent bon et c’est prêt à déguster. Avec quel vin? m’a demandé César Compadre. Le vin de la sauce par exemple. Ici un bordeaux blanc sec pourquey-gazeau 2008 (Castelvieil)

 Bon appétit.

 Respectez votre jardin

Les champignons, pour repousser, ne doivent pas être détruits. C’est là enfoncer une porte ouverte mais les biotopes défoncés, ratissés pour opérer des razzia de chanterelles n’ont pour résultat que de scier la branche sur laquelle on est assis. Encore que l’arbre en partie ébranché reste debout et continue de croître. Pour les champignons, c’est à dire leur mycélium, les dégâts en surface empêchent leur développement donc leur « fructification ». Ainsi des lieux autrefois propices à la cueillette des chanterelles ne sont plus que souvenirs. Alors, respectez la forêt comme votre jardin si vous souhaitez continuer à jouir de ces menus plaisirs que nous partageons ici, prélevez modérément sans détériorer les lieux et … laissez les dangereux bidaou sur place.

  

Jaune au grattage: un agaric à rejeter

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Un jeune Agaric tronconique, trapézoïdal (grosso modo pyramide tronquée), un vieux bien étalé, un anneau épais ample, un pied droit et bulbeux à la base et surtout, au grattage de l’extrémité du stipe, le jaune d’un numéro perdant et une odeur d’encre violette, de phénol justement contenu dans ce champignon familier notamment des endroits anthropisés. Si le jaune au grattage avait senti l’anis il en serait allé autrement avec Agaricus sylvicola lui comestible au contraire d’Agaricus xanthodermus (notre étude).

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L’Agaric jaunissant est responsable de bon nombre d’intoxications certes pas très sévères mais assez désagréables. Par exemple, en 2014, croyant avoir affaire à des rosés des prés, trois personnes en avaient consommés crus en salade. Une heure après deux d’entre elles étaient prises de vomissements; d’autres qui les ont préparés en omelette ont connu trois heures après toujours des vomissements, diarrhées et douleurs articulaires. Et pourtant quand on les cuit l’odeur dégagée ne met pas en appétit!

Notons enfin qu’il existe plusieurs variétés de cette espèce qui « ne sont plus reconnues aujourd’hui » * var. griseus au chapeau plus gris que le type ou var. meleagroides au chapeau recouvert de petites mèches grises ou gris brunâtre.

Dans l’édition 2004 du Bon ** il est question de Agaricus xanthoderma et de la variété griseus.

Dans l’édition 20011 du Courtecuisse l’Agaricus Xanthoderma est répertorié avec trois variétés: griseus, meleagroides et lepiotoides. 

*Le guide des champignons France et Europe Guillaume Eyssartier & Pierre Roux page 274

** Champignons de France et d’Europe occidentale Marcel Bon page 278

*** Guide des champignons de France et d’Europe Régis Courtecuisse & Bernard Duhem n°754

D’autres Agarics

L’Agaric champêtre Agaricus campestris nommé aussi Rosé des prés est un bon comestible qui ne jaunit pas au grattage et dont l’anneau « colle » au pied. (photo ci-dessous)

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On observera aussi la présence de cordons mycéliens au pied de Agaricus bresadolanus qui est toxique. Autant de critères qui permettent de faire la différence entre des espèces d’un même genre. (photo ci-dessous)

Dans le rétro: Sur les chemins de Canéjan

Avant de revenir, quand les conditions de pousses seront plus propices, sur le Parcours des Graves à Canéjan, nous republions un article qui a figuré sur le site de la Ville de Canéjan à la rubrique actualités. Le but alors était de constituer un guide  illustré des espèces identifiées sur ce parcours.

Approche de la mycoflore

sur le Parcours des Graves à Canéjan

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Sur les bords de l’Eau Bourde, des Aulnes glutineux et leurs Paxilles (Paxillus rubicundulus), des chênes et leurs Lactaires (Lactarius quietus).

Dame Nature est diversité. Chaque biotope a son cortège de plantes, d’animaux et de champignons. Certains de ces derniers n’habitent que sous feuillus, d’autres que sous résineux, d’autres encore fréquentent les deux, la plaine, les collines, la montagne mais tous ont besoin de nourriture et d’eau. Leur présence ne doit rien au hasard. Nous ne les voyons que quand leur appareil reproducteur (le carpophore) émerge alors que leur mycélium poursuit ( en se développant sous terre, dans les feuilles, dans les morceaux de bois, les troncs etc.) sa longue vie de décomposeur, recycleur, équilibreur  des milieux naturels. Son rôle est essentiel. Petit inventaire, forcément partiel, des espèces existantes. N’y figurent bien sûr  que celles qui nous ont  montré un bout de leur chapeau, de leur calice, de leur boule et que nous avons identifiées. D’autres, plus timides, attendront pour plus tard leurs conditions idéales de pousse.

Le Parcours des Graves

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Tracé en rouge sur cette carte, il relie à travers bois et prairies Canéjan à Cestas (à l’est), Gradignan (à l’ouest) et Léognan (au sud). Nous nous sommes intéressé à la partie canéjanaise de ce cheminement. Les espèces répertoriées dans cet inventaire ont été rencontrées en bord et aux abords du sentier fléché fréquenté  par  promeneurs, joggers et cyclistes.

Les relevés ont été faits surtout à l’été/automne 2017 et nous y avons intégré des données personnelles issues de balades mycologiques antérieures recoupant ce circuit.

Un inventaire de champignons, pour qu’il soit exhaustif, doit être mené durant  plusieurs années et concerner  toutes les périodes de pousse. Cette approche forcément partielle de la mycoflore témoigne de la richesse de son milieu naturel,  incite à en apprécier la grande diversité et de faire en sorte qu’elle demeure, voire s’améliore.

La boucle du Lac Vert

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Prairies, feuillus et résineux servent d’écrin au vaste Lac vert. Tout autour, le seul 30 septembre 2017, nous avons dénombré une trentaine d’ espèces différentes. Le pire et le meilleur en matière de prévention d’intoxications puisque des Amanites phalloïdes poussaient ce jour-là non loin de Cèpes de bordeaux. Revue de détail (dénomination scientifique suivie, si possibilité, du nom vernaculaire):

-AMANITES: Amanita phalloides (Amanite phalloïde), A. rubescens (Amanite rougissante), A. fulva (Amanite fauve), A. vaginata (Amanite vaginée), A. excelsa var. spissa (Amanite épaisse).

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-BOLETS: Boletus edulis (Cèpe de bordeaux), Xerocomus subtomentosus (Bolet tomenteux), Suillus granulatus (Bolet granulé), S. bovinus (Bolet des bouviers), Gyroporus castaneus (Bolet châtain).

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-COLLYBIES: Collybia dryophila (Collybie des chênes), C. fusipes (Collybie à pied en fuseau), Megacollybia platyphilla (Collybie à lames larges).

-LEPIOTES et AGARICS: Macrolepiota procera (Coulemelle – Lépiote élevée), M. mastoidea (Lépiote mamelonnée), Lepiota subincarnata (Lépiote de Josserand), Chlorophyllum rhacodes (Lépiote déguenillée), Agaricus moelleri (Agaric pintade).

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-VESSES: Lycoperdon perlatum (Vesse de loup perlée), Calvatia excipuliformis (Calvatie en coupe), Scleroderma citrinum (Scléroderme vulgaire).

-INOCYBES: Inocybe cf. fastigiata (proche d’Inocybe fastigié).

-PLUTEES: Pluteus cervinus (Plutée couleur de cerf).

-CLITOCYBES: Infundibulicybe gibba (Clitocybe en entonnoir).

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-LACCAIRES: Laccaria amethystina (Laccaire améthyste).

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-LACTAIRES-RUSSULES: Lactarius quietus (Lactaire à odeur de punaise)L. deliciosus (Lactaire délicieux), L. acerrimus (Lactaire à lames interveinées), Russula cyanoxantha (Russule charbonnière), R. foetens (Russule fétide), R. heterophylla (Russule à lames fourchues), R.nigricans (Russule noircissante), R. xerampelina (Russule écrevisse), R. sardonia (Russule sardoine).

-PHALALES: Clathrus archeri ( Anthurus étoilé)

De l’Ajoncière vers l’Eau Bourde

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Au nord du Lac Vert on emprunte un passage clôturé qui conduit à la Maison de Repos l’Ajoncière à la droite de laquelle (balise n°19) on retrouve le Parcours des Graves qui s’enfonce dans la forêt (feuillus et résineux) jusqu’à la balise n° 26. Espèces identifiées:

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-PLUTEES: Pluteus cervinus (Plutée couleur de cerf).

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-AMANITES: Amanita phalloides (Amanite phalloïde), A. citrina (Amanite citrine) A. rubescens (Amanite rougissante), A. fulva (Amanite fauve),  A. excelsa var. spissa Amanite épaisse), A. muscaria (Amanite tue-mouches), A. asteropus (Amanite à bulbe étoilé).

-BOLETS: Xerocomus subtomentosus (Bolet tomenteux), X. chrysenteron ( Bolet à chair jaune), Suillus granulatus (Bolet granulé), S. bovinus (Bolet des bouviers).

-COLLYBIES: Collybia dryophila (Collybie des chênes), C. fusipes (Collybie à pied en fuseau), C. butyracea (Collybie beurrée).

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-LEPIOTES et AGARICS: Macrolepiota procera (Coulemelle – Lépiote élevée), Lepiota cristata (Lépiote crêtée), Agaricus moelleri (Agaric pintade).

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-VESSES: Scleroderma citrinum (Scléroderme vulgaire), Pisolithus arhizus (Pisolithe).

-LACCAIRES: Laccaria amethystina (Laccaire améthyste). L. laccata (Laccaire laqué)

-CLITOCYBES: Infundibulicybe gibba (Clitocybe en entonnoir).

-LACTAIRES-RUSSULES: Lactarius quietus (Lactaire à odeur de punaise)L. deliciosus (Lactaire délicieux), Russula cyanoxantha (Russule charbonnière), R. vesca (Russule comestible), R. foetens (Russule fétide), R. Turci (Russule cocardée) R.nigricans (Russule noircissante), R. xerampelina (Russule écrevisse), R. sardonia (Russule sardoine).

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-ASCOMYCETES: Aleuria aurantia (Pézize orangée).

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-CHANTERELLES S.L.. : Cantharellus cibarius (Girolle), Craterellus lutescens (Chanterelle à pied cannelle), Craterellus tubaeformis (Chanterelle en tube).

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-PHALALES: Clathrus archeri ( Anthurus étoilé).

-APHILLOPHORALES:  Ganoderma lipsiense (Ganoderme plat), Phaeolus Schweinitzii (Polypore des teinturiers), Fomes fomentarius (Amadouvier), Fomitopsis pinicola (Polypore marginé), Stereum hirsutum (Stérée hirsute).

Du pont chemin Salvador Allende vers Gradignan

en suivant l’Eau Bourde

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A droite des terrains de Sports on longe l’Eau Bourde jusqu’à un autre pont qui permet de passer sur l’autre rive. Détail des espèces identifiées:

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-AMANITES et VOLVAIRES: Amanita phalloides (Amanite phalloïde), A. citrina (Amanite citrine) A. rubescens (Amanite rougissante), Volvariella gloiocephala (Volvaire visqueuse).

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-BOLETALES: Xerocomus subtomentosus (Bolet tomenteux),  X. badius ( Bolet bai) Suillus granulatus (Bolet granulé), S. bovinus (Bolet des bouviers), Paxillus rubicundulus (sous aulnes).

-COLLYBIES: Collybia dryophila (Collybie des chênes).

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-LEPIOTES, AGARICS, COPRINS: Leucoagaricus sublittoralis, Leucoagaricus cf. gauguei,  Agaricus moelleri (Agaric pintade), Coprinopsis picacea (Coprin pie).

-INOCYBES: Inocybe cf. fastigiata (proche d’Inocybe fastigié).

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-PLUTEES: Pluteus cervinus (Plutée couleur de cerf).

-CLITOCYBES: Infundibulicybe gibba (Clitocybe en entonnoir).

-LACCAIRES: Laccaria laccata (Laccaire laqué)

-VESSES: Scleroderma citrinum (Scléroderme vulgaire), vascellum pratense (vesse de loup à diaphragme).

-LACTAIRES-RUSSULES: Lactarius quietus (Lactaire à odeur de punaise)L. deliciosus (Lactaire délicieux), Russula cyanoxantha (Russule charbonnière),  R. foetens (Russule fétide), R. Turci (Russule cocardée) R.nigricans (Russule noircissante), R. xerampelina (Russule écrevisse), R. sardonia (Russule sardoine).

-PHALALES: Clathrus archeri ( Anthurus étoilé).

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-POLYPORES: Phaeolus Schweinitzii (Polypore des teinturiers), Fistulina hepatica (Langue de boeuf)

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-DIVERS: Mycena pura (Mycène pure), Entoloma lividum (Entolome livide), Ramaria stricta (Clavaire dressée), Hypholoma fasciculare (Hypholome en touffes), Armillaria mellea (Armillaire couleur de miel).

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Remarques, recommandations

Aller à la rencontre des champignons est un plaisir, une passion que l’on partage. Merci Anne-Marie, Marie-Paule, Charlie, Gaston et bien d’autres qui ont cheminé à mes côtés sur le Parcours des Graves et repéré bien des espèces. A plusieurs le filet a des mailles plus serrées. Il restera bien sûr d’autres parties à explorer dans le détail mais les lecteurs auront, après ces quelques pages illustrées, un aperçu de la fonge présente à Canéjan. Peut-être feront-ils une pause en chemin pour observer quelques êtres colorés portant chapeau et les manger des… yeux avant d’envisager d’en croquer tout cuits.

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Le nombre d’intoxications (31 cas très graves cet automne 2017 en France dont un décès et deux greffes du foie) témoigne, s’il en était besoin, de l’extrême prudence à exercer pour soi et pour les autres vis à vis de la consommation des champignons sauvages. A reconnaître entre toutes l’Amanite phalloïde (en haut sur notre planche)  responsable de 95% des décès.

L’Amanite panthère (au-dessous)  reconnaissable  à ses squames (déchets du voile sur le chapeau) d’un blanc pur et de ses bracelets au dessus du bulbe du pied, n’en est pas moins dangereuse. Rarement mortelle certes mais responsable comme l’Amanite tue-mouches et à un degré plus élevé du syndrome panthérinien (troubles digestifs, hallucinations, confusion mentale, somnolence).

L’Hypholome en touffes et les Mycènes du groupe de la Mycène pure sont également toxiques. Il ne faudra pas confondre le Rosé des prés et l’Agaric jaunissant au risque de se souvenir d’une douloureuse digestion. Quant au Coprin noir d’encre que nous avons rencontré en bord de l’Eau Bourde non loin des lieux décrits il arrive qu’il soit confondu avec le Coprin chevelu. Il est responsable de l’effet « antabuse » (sueurs, troubles du rythme cardiaque) accentué grandement si consommation d’alcool en même temps.

La difficulté pour savoir ce qui est comestible c’est qu’ aucune règle  générale n’est applicable. Les bolets qui bleuissent ne sont pas tous toxiques par exemple. Les limaces, qui n’ont pas le même appareil enzymatique que les humains bavent de plaisir sur ceux (les champignons) qui nous rendraient malades. Les idées reçues sont légion. Une seule règle: être sûr de l’espèce comestible trouvée dans un endroit sain, non pollué. Au moindre doute faire vérifier sa récolte par une personne compétente. Beaucoup d’espèces telles les morilles, les amanites rougissantes etc. sont toxiques crues.

Des valeurs sûres

Quand on dit qu’un champignon est comestible cela n’entraîne pas forcément qu’il est goûteux. Au regard de la gastronomie peu d’espèces méritent l’assiette. Selon les régions, le hit parade est différent sauf à dire que les déplacements géographiques plus fréquents des populations ont contribué à susciter un intérêt pour, par exemple, le Cèpe dans l’Est de la France alors que lui étaient préférées notamment les Trompettes des morts.

Les condiments utilisés pour leur préparation culinaire aide à les rendre plus savoureux. Des lardons fumés revenus en cocotte en compagnie d’oignons, d’échalotes  et d’un peu d’ail auquel on ajoute une bonne rasade de vin blanc sec et qu’on fait doucement mijoter avant d’y ajouter des Chanterelles à pied jaune (elles poussent à Canéjan, y sont connues et ramassées) déjà poêlées à part. Les saveurs se mêlent tendrement. De la crème fraîche épaisse pour lier et in fine un trait au choix de calva, cognac, vieux rhum ou autre pour la note finale avant dégustation. .Avant de se lancer en cuisine il faut être sûr de la nature de sa récolte. Sans intrus inconnu ajouté parce qu’il est joli et peut-être très toxique. Voici, ci-dessous un choix sans problème d’espèces recommandables à condition qu’elles  soient bien celles-là sans aucun doute possible.

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Bonne balade sur le Parcours des Graves et n’appuyez pas trop sur le champignon. Prenez le temps de respirer et d’admirer.

M.P.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 3017293984.jpg

Tendre l’Oreille de mi-novembre à début février

Observer au même endroit (dans le bois d’à côté), sur le même support (un Sureau), la même espèce (L’oreille de Judas) et ce, pendant deux mois et demi. Cela enseigne sur un champignon, son biotope et les conditions climatiques qu’il rencontre.

Recherchant, à la mi-novembre 2022 d’éventuelles pousses d’Oreilles de Judas (Auricularia auricula-judae) sur des Sureaux noir (Sambucus nigra) nous découvrons (photo ci-dessus) des carpophores bien épanouis ayant émergé sans doute bien auparavant. Bien que comestibles nous les laissons sur leur perchoir en pensant que, s’ils échappent à quelque amateur de cuisine chinoise, nous pourrons voir comment elles résistent à l’épreuve du temps. Le temps qui passe et le temps qu’il fait.

Près de deux semaines après elles sont toujours là. Leur couleur a un peu varié mais elles semblent toujours « apétissantes » de ce côté de « notre » sureau.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est auricularia-mp4.jpg

En revanche, de l’autre côté, vues de plus loin elles paraissent plus asséchées.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est auricularia-mp5.jpg

Deux semaines après, si l’écorce du sureau s’est détachée en partie, les oreilles ont refait leur jeunesse en gardant la même … génèse.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est auricularia-mp6.jpg

Des espèces de cloches semblent sonner le renouveau. On distingue même une petite pousse à la naissance d’une branche sous la date de prise de la photo. Il y a bien eu des baisses de température et des manques d’humidité mais l’arbre nourricier a dû communiquer ses réserves à son hôte.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est auricularia-mp7.jpg

En revanche, presque deux semaines après, ce 2 février 2023, elles semblent approcher leur fin là vraiment désséchées. La mousse est toujours aussi fournie et l’écorce a quelque peu sauté.

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Vu de l’autre côté, les oreilles ne sont plus qu’exciccatas aussi sèches que leur support dénudé d’écorce. Serait-ce la fin? repartiront-elles? Nous verrons dans les prochains jours.Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est chanterelles.jpg

Les Chanterelles, elles, étaient toujours présentes. Bien moins nombreuses mais encore appétissantes. Après avoir tendu l’oreille ne restait plus qu’à tendre la main.

Michel Pujol

Science … fiction: un Cordyceps parasiterait-il les humains?

Sur le site du journal Sud Ouest. A lire

https://www.sudouest.fr/culture/programmes-tv/video-the-last-of-us-le-champignon-parasite-de-la-serie-est-il-dangereux-pour-l-homme-13915733.php?fbclid=IwAR3hXhI9TCttP9_T47dkPV0lM4rNffRjziEhhrPMTmCtftFCBlBjoLVRiNA

En répondant à cette interwiew dont la synthèse est dans cette vidéo, j’avais aussi évoqué Cordyceps sinensis qui est récolté au Tibet et utilisé dans la médecine chinoise. Dans l’état actuel de nos connaissances, sur les corps des cueilleurs de ce champignon, n’émergent pas ces Cordyceps. De même, pour avoir manipulé à plusieurs reprises Cordyceps militaris qui parasite la Chenille processionnaire du pin, je n’ai, pour l’instant, fait front à un quelconque carpophore orangé ornant mon crâne. Alors prise de tête?

M.P.

Vint le vingt, les tubes de l’hiver en plus

Prend-t-on les mêmes pour recommencer à peu de jours de distance? Nous parlons bien entendu du bois d’à côté. Le 6 janvier nous avions rencontré Judas ou plutôt son oreille. Ce 20 janvier nous la retrouvions en même lieu et place

Auricularia auricula-judae quasiment à l’identique comme si ces champignons s’étaient statufiés, très en creux, sans vraiment évoluer en quatorze jours.

Toujours là, mais elles remplacées par de nouveaux carpophores, les Amanites citrines

en moins d’une dizaine d’exemplaires sur notre parcours feuillus-résineux et, dans un endroit exploré sans succès le 6 janvier nous retrouvions, en décalé par rapport aux années précédentes, nos « tubes de l’hiver » Craterellus tubaeformis.

Ces Chanterelles bien reconnaissables avec leur chapeau épais et surtout leur pied tubulaire avaient poussé là en nombre

et non loin des tubes quelques « lumineuses » voisinaient avec leurs « cousines »

On retrouvait Craterellus lutescens de l’autre côté du chemin là où elles étaient déjà présentes en début du mois

et que chante l’hiver avec ses « tubes » et ses pousses plutôt … micro.

Michel Pujol

Lumineusement permanentes ces Chanterelles

Les fêtes passent et les champignons trépassent? Que non et pas tous! En particulier Craterellus lutescens qui illumine aussi janvier. Pour preuve, le bois d’à côté où nous les retrouvons souvent en cette période.

Ainsi vendredi 6 janvier le temps clément permettait d’aller faire un tour vers la station où nous les avions déjà repéré et ce ne fut pas vraiment une surprise de les y retrouver.

Pas en grande quantité mais suffisamment pour les partager entre amis selon une recette toujours bien appréciée.

Autres espèces rencontrées.

Des oreilles de Judas sur leur sureau habituel où nous les voyons depuis quelque temps et observé qu’elles ne semblent pas avoir beaucoup évolué en quelques jours.

Autre espèce cette fois bien seulâbre un Bolet des bouviers qui, retourné, parait avoir fait les délices de quelque limace.

Les deux espèces ci-dessus restent bien anecdotiques en regard des chanterelles qui ont rejoint le … dessus du panier.

M.P.

A l’écoute de décembre, en Gironde, hors des sentiers battus

Quelles espèces rencontre-t-on quand le froid renforce ses effets sur la fonge à proximité de chez soi et dans d’autres endroits inhabituels? Revue de détails les 6 et 7 décembre.

Sentiers battus

Le 6 décembre, petit tour dans le bois d’à côté. Pas très loin du parking et de ses Coprins, sur les lieux où nous avions rencontré récemment Clavulina cristata et quelques Chanterelles.

Craterellus lutescens y était encore bien présente entre les aiguilles de pin et jusque dans la poche en plastique d’une promeneuse entre-aperçue sur « nos » sentiers, derrière les fougères.

Vues également, elles apparemment non cueillies par les promeneurs, quatre Coulemelles aux chapeaux bien épanouis. Pour le reste, pas grand chose ce jour-là sinon

quelques L. perlatum bien mûrs et sûrement moins d’autres espèces que les jours précédents.

Hors sentiers battus

Le lendemain 7 décembre, en compagnie de l’ami et expert, notamment en mycologie, Jean-Christophe Blanchard nous allions, hors de nos sentiers battus mais toujours en Gironde, nous rendre compte, s’il en était besoin, qu’en changeant de biotopes (1) et dans les mêmes conditions climatiques, la diversité fongique peut être au rendez-vous là et pas ailleurs. Certes nous n’avons pas de Pin laricio ni de cèdres, entre autres, dans le bois d’à côté et ceci peut expliquer cela: la trentaine d’espèces (2) rencontrées ce 7 décembre.

Des endroits très humides en contrebas de prés « fourmillaient » de sureaux et conséquemment d’Oreilles de Judas. Auricularia auricula-judae en masse (ci-dessus) sur un tronc épais et moussu à terre

ou plus mature pas loin de là.

Autre espèce assez courante, cette fois-ci sous cèdres, la Lépiote de Forquignon apparaissant en troupes.

 Plus rare, le Tricholome de Batsch qui peut pousser à la fois sous feuillus et sous conifères.

Un autre Tricholome, celui-ci répandu dans les forêts de pins sur sol calcaire, le Tricholome terreux appelé aussi Petit gris et Charbonnier, ci-dessus chapeaux plutôt ouverts et ci-dessous plus serrés.

Autre espèce appartenant au même genre

lui aussi calcicole, Tricholoma scalpturatum, à la chair jaunissante avec l’âge.

D’une brillance étonnante, cette Pholiote luisante se trouverait-elle au diable vauvert voire en enfer, foi de Lucifer…

Pour ajouter aux espèces rares rencontrées ce 7 décembre, voici, ci-dessus,  Agaricus cuprobrunneus, l’Agaric brun cuivré.

Enfin, pour ce qui concerne les espèces dont les photos révèlent, selon nous, une grande beauté terminons cette galerie avec Leucopaxillus amarus certes amer et Lepista saeva au joli pied violet dit aussi Tricholome masqué, Tricholome sinistre et Tricholome des oies. Et n’est-ce pas, en ce moment, la période pendant laquelle nous voyons haut dans le ciel les grues et les oies migrer. En quelque sorte, les oiseaux migrateurs appuient sur … le champignon pour atterrir sur … les pistes?

M.P. en collaboration avec JCB

(1) présence dominante de Pinus nigra sbsp.laricio. Autres essences présentes : Pinus sylvestris, Quercus petraea, Quercus cerris, Alnus glutinosa, Corylus avellana, Ulmus minor. Végétation arbustive : Sambucus nigra, Crataegus monogyna, Buxus sempervirens, Viburnum tinus, Arbutus unedo.

(2) Espèces rencontrées: SUILLUS COLLINITUSAGARICUS CUPREOBRUNNEUS, LEPIOTA CRISTATA, LEPIOTA FORQUIGNONII,  GYMNOPUS DRYOPHILUS , MYCENA HAEMATOPUS, TRICHOLOMA BATSCHII, TRICHOLOMA SCALPTURATUMTRICHOLOMA TERREUM, MELANOLEUCA SP, RHODOCOLLYBIA BUTYRACEA, PSEUDOCLITOCYBE CYATHIFORMIS, LEPISTA SAEVA,  LEPISTA SORDIDA, HOHENBUEHELIA GEOGENIA, LEUCOPAXILLUS AMARUS , PLUTEUS PHLEBOPHORUSINOCYBE SP, CONOCYBE SPHYPHOLOMA FASCICULAREPHOLIOTA LUCIFERA, PROTOSTROPHARIA SEMIGLOBATASTROPHARIA CORONILLA, STROPHARIA CYANEA, HYDNUM ALBIDUMCLAVULINA CRISTATAAMAROPOSTIA STIPTICA , STEREUM HIRSUTUM, AURICULARIA AURICULA-JUDAE, AURICULARIA MESENTERICA

Coprins en bande et débandade des chevelus

Les copains au garde-à-vous: pas un cheveu ne dépasse mais avec les Coprins chevelus c’est un autre histoire. Quatre jours de vie et le défilé prend des airs de déroute.

Il n’est que de les observer tout près du centre de Gradignan en Gironde sur les plate-bandes herbues d’un parking, à la merci des métaux lourds échappés des pots des automobiles qui les frôlent. Le 23 novembre, la bande de Coprinus comatus, toute blanche, avait fière allure sur sa plate-bande. Deux jours après, le 25 novembre, quelques blancs commençaient à brunir et beaucoup d’anciens jeunes avaient déchapeauté et noirci du pied. Enfin, quatre jours avaient suffi, le 27 novembre, pour que la plupart s’affaissent au sol.

Dans la revue de détail, on notait le premier jour de ce défilé quelques différences dans l’évolution de la maturité des spores et de la pilosité de ces champignons à « chevelure épaisse=comatus ». Ils n’étaient pas tous (on le voit ci-dessus) blanc-blanc.

Deux jours après, divers états se mélangeaient entre fière allure, début de chapeau déliquescent et stipes encore dressés.

Mais, ce jour là, six mousquetaires refusaient encore de tomber et paradaient toute chevelure dehors.

Quatre jours après, quelques survivants mais la majorité pieds à terre.

Et, pour ceux qui étaient resté clairs, des pieds humains avaient, sur eux laissé leur méchante empreinte. Non loin de là un petit semblait se cacher des piétons sous les herbes. 

Nous sommes repassés sur les lieux aujourd’hui 2 décembre. Plus rien. Le froid avait sans doute stoppé toute vélléité de pousse de nos copains les Coprins.

Michel Pujol

Sur le chemin des crêtes

Juste un petit tour dans le bois d’à côté pour voir si la pousse, déjà observée, de Chanterelles à pied jaune a pris un peu d’ampleur. En effet, leur dimension et leur nombre

ce 27 novembre, à onze jours d’écart de la dernière visite, ont bien progressé.

On retrouvait également, côté comestibles, quelques Lactaires délicieux. Et puis, pas loin d’Artomyces pixidatus, une espèce de Clavaire que nous n’avions jamais observé.

Ce fut l’occasion de se plonger dans la littérature, d’y trouver quelques pistes telles Ramaria gracilis (pas d’odeur d’anis ressentie fortement), Phaeoclavulina flacida et Clavulina cinerea, de recouper dans les galeries d’images sur Internet et, non convaincu, de poster images et interrogations sur deux pages Facebook dédiées aux champignons. Echanger c’est souvent trouver. C’est ainsi que grâce à Didier A. et Martine V. nous avons pris la piste de Clavulina cristata aussi appelée Clavulina coralloides.

Le fait que notre « trouvaille » soit noircie à sa base par un pyrénomycète parasite  Helminthosphaeria clavariarum a grandement contribué a son identification. Comme il est expliqué, notamment sur Mycocharentes et sur Champyves, le minuscule champignon parasite apparait souvent sur cette clavaire et « la colore en gris plus ou moins foncé jusqu’au noir ». Sur Mycocharentes, Patrice Tanchaud remarque que cette coloration fait « ressembler rapidement » la Clavaire à crêtes (son nom français) « à Clavulina cinerea, mais ce dernier a des extrémités arrondies ». Chez Champyves il est précisé que pour celle à crêtes on observe des « pointes aiguës et aplaties ».

Si le but initial de cette sortie était la récolte de Chanterelles à pied jaune, la découverte, après recherches et échanges, de Clavulina cristata = Clavulina coralloides parasitée par Helminthosphaeria clavariarum nous a passionné.

Michel Pujol

Sortie ensoleillée avec Natur’Jalles

Dame Nature serait-elle bienveillante avec celles et ceux qui la protègent? La sortie  du samedi 19 novembre de Natur’Jalles au Taillan-Médoc, guidée par A la poursuite des champignons, semble en porter témoignage. Le soleil brillait. Idéal pour partager quelques lumières de l’expérience en mycologie avec un groupe très motivé. Retour sur les lieux explorés le mois dernier. Quelques espèces toujours présentes telle le Paxille à pied noir mais ce dernier surpassé par les pousses innombrables de son « cousin » le Paxille enroulé , le lactaire lié aux chênes Lactarius quietus, celui plus ambivalent Lactarius chrysorrheus et la très jaune Amanite citrine.

Le départ de la balade était donné en tout début d’après-midi par la présidente Martine Leblond qui soulignait notamment le lien de Natur’Jalles avec la SEPANSO qui œuvre depuis 1969 pour la sauvegarde du patrimoine naturel.

Dans les échanges il était relevé que l’appellation latine genre-espèce permet d’identifier un champignon et  le distinguer d’un autre. Les noms vernaculaires pour une seule espèce peuvent être légion. Ainsi en-est-il pour (ci-dessus) Macrolepiota procera la Coulemelle également appelée Lépiote élevée, St Michel, Parasol, Nez de chat et Baguette de tambour. L’inverse peut se produire pour « vesse de loup » qui désigne, chez des cueilleurs, à la fois des slérodermes, des lycoperdons et autres spécimens plutôt ronds. Lors de cette balade les « vesses » rencontrées, parfois à pas … de loup, furent notamment Scleroderma citrinum, Lycoperdon perlatum, Calvatia excipuliformis et la pionnière Pisolithus arhizus. De quoi y perdre son latin mais tout de même pas son chemin.

Tout en cheminant on perçoit son odeur (les mouches aussi qui en dispersent les spores). Clathrus archeri (ci-dessus) a été de nombreuses fois rencontré ce jour-là mais cueilli en entier avec délicatesse il montre toute sa beauté.

Parmi les bouquets offert par Dame Nature à la vue des promeneurs beaucoup d’Hypholomes en touffes mais aussi ces Coprins proches de C. micaceus mais qui nous semblent plus correspondre à Coprinellus saccharinus.

Surtout en fin de balade offerts à la vue et vite dans les paniers des gastronomes: des Bolets bai aux allures de Suillus vus du dessus tant la pluie avait délavé leurs chapeaux mais bien Imleria badia une fois détachés du sol recouvert d’aiguilles de pin.

Il s’agissait ensuite de disposer et de classer quelques uns des champignons rencontrés. Pas tous bons, loin s’en faut, pour l’assiette du consommateur mais méritant quelques questions et commentaires.

La nuit allait bientôt tomber quand les derniers participants, celles et ceux qui avaient pu rester jusqu’au bout, posaient, en compagnie de Martine et Thierry Leblond, devant les espèces rencontrées lors de ce jour ensoleillé.

Michel Pujol

Les Chanterelles de retour mais pas que …

Températures plus basses, pluies … Allaient-elles apparaître? Notre œil  inquisiteur inspectait fréquemment un endroit propice dans le bois d’à côté et puis, le 16 novembre, nous vîmes, encore toutes petites, entre aiguilles de pins, mousses et à l’abri de fougères « nos » Chanterelles à pieds jaunes latinement appellées Craterellus lutescens. 

Une vieille connaissance de nos bois et aussi de notre cuisine. Certes dans cette dernière il convient de les recevoir plus épanouies quoique. Nous les y préférons à leurs cousines dites à tube Craterellus tubaeformis comestibles également mais à la texture moins tendre que ces petites jaune et marron.

Quelques exemplaires avaient tout de même commencé à grandir mais nous étions vraiment en tout début de pousse du moins en cet endroit car, notamment sur les pages Facebook dédiées aux champignons, nous avions vu, les jours précédents, de très belles récoltes dans des régions aux températures plus basses.

Etre à l’écoute de la Nature c’est aussi remarquer d’autres espèces en particulier sur le sureau. Un arbre sur lequel, dit-on, Judas se serait pendu. Nous y avions aperçu, une semaine auparavant une première oreille et là, hier, les oreilles avaient poussé … en boucle.

Les espèces, ci-dessus, ne sont pas vraiment nouvelles. Nous les avons déjà rencontrées cette saison. Lactaires et fausses girolles fréquentent les mêmes biotopes, Lactarius quietus, lui n’est vraiment présent que sous les chênes.

Très présents aussi en ce moment les belles étoiles rouge du Clathre d’Archer, les buissons multi pointes du Clavaire à pyxides, le jaune de l’Amanite citrine et le pied jaunissant, au grattage, de l’Agaric pintade.

Plus rare à cet endroit, du moins était-ce la première fois que nous le remarquions, ce Stophaire orangé.

Pas très loin de Leratiomyces ceres mais sur feuillus ce Clitocybe certes petit mais très élégant.

Enfin, comment ne pas faire de différence entre l’aspect quasi glabre de la Calvatie en coupe et les pierreries du Lycoperdon perlé? Quelque promeneur rencontré dans le bois, souhaitant inspecter notre panier, n’en démordait pas. « Des vesses de loup! » Un point c’est tout. Des vesses! pas de quoi lanterner…

Michel Pujol

Avec le Centre Socioculturel Les Terrasses à Martignas-sur-Jalle

Prévue le 4 novembre et reportée au 10 novembre pour cause de pluie, la sortie mycologique des Terrasses animée par « A la poursuite des champignons » a pu se dérouler par beau temps. Cyrielle Turban, du Centre Socioculturel, et Josette Bastida avaient fait la reconnaissance des lieux bien avant pour que cette balade permette de rencontrer de nombreuses espèces.

Les recherches sous feuillus et résineux en bordure de Jalle allaient être à la fois fructueuses et instructives. Avant d’entrer dans le bois, des Lactaires délicieux (comestibles à la grande joie d’Alice) étaient repérés à la lisière, près des pins, mais pas que.. En effet, tout au long du parcours un grand nombre de Russules de différentes espèces étaient vues ainsi que d’autres lactaires que le délicieux, notamment celui lié aux chênes (Lactarius quietus).

Point de cèpe trouvé sinon des suspiscions de ramassages antérieurs ayant laissé quelques traces différentes, bien sûr, de celles des sangliers. Des bolets quand même chez les Suillus, à revêtement du chapeau glissant, tels Suillus bovinus et Suillus granulatus mais aussi un Leccinum avec son « petit » accroché au pied. Ce Bolet orangé (photo de gauche) était le seul de son espèce trouvé ainsi  que le minuscule Hygrocybe (photo de droite) lequel témoignait que la prairie sur laquelle il poussait ne semblait pas polluée par quelques additifs chimiques.

Il convenait de s’arrêter quelques instants devant ces souches pour onserver cette espèce lignicole très courante dans sa forme de croissance moyenne (à gauche) et à peine naissante (à droite). On aura reconnu l’Hypholome en touffes, Hypholoma fasciculare, aux lames verdâtres.

En fin de balade, les espèces prélevées étaient triées par genres afin de peaufiner les dernières descriptions et recommendations. Dans une des assiettes une Amanite phalloïde restait éloignée des Lactaires délicieux tandis que les différentes russules offraient au soleil de midi leurs belles couleurs et ce n’est pas parce qu’un champignon est beau qu’il est comestible. C’est plus compliqué ainsi qu’on aura pu le lire dans les éditions girondines de « Sud Ouest » ce samedi 12 novembre.

Michel Pujol

Des Coprins à sa porte

Si, entre copains on ne s’oublie pas, les Coprins aussi ne nous laissent pas tomber et, tout chevelus, frappent à la porte de l’objectif régulièrement. Il convient de bien les reconnaître si on souhaite savourer leur compagnie. Alors on les goûte jeunes quand les lames ne noircissent pas.

Tout jeune il était quand il a pointé son chapeau quelque peu hirsute en bordure du jardin.

On était le 16 octobre. Un ainé poussait très près de là, le dominant de la taille mais sans avoir encore noirci.

Quelques jours plus tard, le 2 novembre, un autre jeune se dressait non loin de lauriers roses. Nous toisait-il? Avec mesure il faisait environ cinq centimètres et demi de haut soit 12 cicéros d’après le typomètre à côté. Grandirait-il vite?

Trois jours plus tard, donc ce 5 novembre, sa taille avait doublé (11 centimètres/24 cicéros) et le drôle, de chevelu était bien comatus tout en étant la même personne. S’ils étaient champignons les humains y perdraient, peut-être, leur latin.

Tel une sentinelle, le 16 novembre, celui-ci tenait le haut du trottoir, dans la rue, tout à côté de notre portail. Nous ne l’avions pas vu avant, sans doute tout de blanc vêtu. Le terrain aurait pu semblé inapproprié mais, en novembre 2009, n’avions nous pas trouvé un autre Coprin dont la tête émergeait entre des pavés. Pavé de bonnes intentions sans doute. La bande de Coprins n’a pas fini de nous étonner… 

Michel Pujol

Natur’Jalles au rendez-vous d’octobre

Si, en matière de biodiversité et de conditions climatiques, les années se suivent et ne se ressemblent pas forcément, en revanche, pour ce qui est de la fidélité, le compagnonage Natur’Jalles et A la poursuite des champignons est toujours aussi agréable. La sortie mycologique de ce samedi 22 octobre en porte témoignage. « Très belle sortie avec des personnes intéressées et sympathiques! » dixit Martine Leblond présidente de la première association citée.

Leur histoire remonte au 10 octobre 2020 puis se poursuit le samedi 9 octobre et le samedi 13 novembre 2021. Donc ce samedi 22 octobre 2022 était l’occasion de continuer les recherches de champignons dans la forêt communale du Taillan-Médoc riche en biotopes propices, feuillus et résineux.

Un groupe de personnes intéressées et sympathiques prenait donc le départ des recherches .

Première rencontre, celle du Paxille à pied noir ( Tapinella atrotomentosa ) , ici en bouquet, que nous allions retrouver, notamment plus solitaire, à de nombreuses reprises. Les différentes russules étaient testées au « fer » et au « gaïac », les amanites (pas de phalloide observée) décrites de la base du pied à la tête, les bolets classés cèpes – suillus – xerocomus pour aller du genre à l’espèce. Parmi les bolets, quelques bais ( Imleria badia ) et beaucoup de chrysenterons ( Xerocomellus chrysenteron ). Une balade très interactive avec des questionnements, entre autres, sur la comestibilité ou pas des espèces rencontrées, la durée de la pousse d’un champignon et … l’influence de la lune. Bref une leçon de choses très agréable.

Outre quelques amanites (à droite) un premier petit cèpe ( Boletus edulis à gauche) était trouvé.

Et un autre, bien plus gros, ravissait son cueilleur et allait compléter le panier contenant au total cinq edulis.

Le groupe se rassemblait sur le chemin avec les récoltes diverses pour revenir vers le point de départ

où les tables étaient dressées pour installer et commenter les différentes espèces trouvées notamment une Astrée hygrométrique ( Astraeus hygrometricus ). On l’aura compris: en forme d’étoile. 

Une balade placée sous la bonne étoile en quelque sorte …

Michel Pujol

A chaque jour ses stipes …

Ces derniers jours, dans le bois d’à côté, l’humidité aidant, les espèces se diversifient. Timidement certes mais si la Collybie du chêne (ci-dessous fin septembre)

continue à prédominer dans les sous-bois aérés, 

ce 13 octobre nous avons retrouvé cette espèce avec un bouquet de Sparassis crépu (ci-dessus) sans doute abandonné par des promeneurs.

Autres stipes, bien accrochés aux branches, ceux du Polypore moucheté (ci-dessus) très présent sur notre parcours.

Espèce très présente également ce jour-là, en bordure herbeuse de chemin, l’Agaric jaunissant reconnaissable, jeune, à son chapeau en « pyramide tronquée ». Plus tard, le stipe s’allonge, bien épaissi voire bulbeux à la base et, surtout, le jaunissement au grattage et l’odeur iodoforme, d’encre. Des témoignages de personnes intoxiquées par cette espèce rapportent une odeur désagréable à la cuisson qui devrait alerter ceux qui pensent avoir affaire au Rosé des prés.

Celui-là dont le stipe se tord doucement sans casser et aux lames bien espacées est, en revanche comestible (cuit). Le Faux mousseron se dressait non loin de l’Agaric jaunissant sur le même biotope.

Deux jours après, le 15 octobre, nous rencontrions, pour la première fois cette année, ce champignon reconnaissable notamment à son odeur très forte de farine mouillée. Peut-être une bonne nouvelle quand on sair que le meunier est aussi appelé « la mère du cèpe » dont il partage les mêmes endroits. Nous avons bien regardé tout autour mais point de cèpe ce jour là.

Les lignicoles perdurent comme l’indique notre planche ci-dessus.

Les russules commencent timidement à apparaître.

Bien plus en nombre sont les Collybies à larges feuilles.

Quelques Plutées cf. couleur de cerf montrent leurs lames roses.

Qui suis-je vue de dessous avec ce stipe chiné et anneau glissant. La recherche des champignons serait-ce le pied (le stipe)? Pas que mais il faut marcher pour avancer et s’arrêter pour découvrir. Utiliser ses cinq sens et aussi sa mémoire.

Vous l’avez bien sûr reconnue cette Coulemelle au large chapeau qui, au Porge par exemple, avait éveillé les appétits.

La saison ne ferait-elle que commencer? Il reste bien d’autres stipes à reconnaître et à découvrir.

Michel Pujol

La rando des cèpes au Porge: jamais deux sans trois

Quand on aime on ne refuse pas… Après l’édition 2020 puis celle de 2021, notre association « A la poursuite des champignons » a été contactée par « Sports Loisirs Le Porge » pour animer ce dimanche 9 octobre sa traditionnelle rando des cèpes. Olivier Fitte était aux commandes pour guider le groupe, depuis le Pas du Bouc, à travers la forêt communale sur et autour de l’ancienne piste des résiniers et le long du canal.

Un groupe particulièrement important cette année (photo ci-dessus). Plusieurs dizaines de personnes de tous âges dont certaines revenaient participer à cette « rando des cèpes » qui se révéla ce dimanche … sans cèpe en raison du manque de pluie de ces derniers jours. Mais , le nombre de participants aidant, nous avons eu l’occasion de trouver quelques espèces liées à la variété de la végétation de ces lieux riches en résineux et feuillus avec des sous-bois abritant habituellement une fonge très diverse.

Olivier Fitte mit en exergue l’importance de cette diversité botanique et fongique et les liens de correspondances inter espèces, notamment souterrains, conduisant à l’équilibre de la Nature et à ses bienfaits pour l’espèce humaine laquelle a intérêt à  sauvegarder cet environnement voire l’améliorer.

Nous avons pu répondre aux interrogations nombreuses et pertinentes sur les espèces de champignons trouvées par les « randonneurs » et rappelé les conseils de sécurité concernant les consommations éventuelles. Notamment bien observer tous les caractères du champignon ramassé dans son entier pour éviter de se tromper dans les identifications.

Comme par exemple ces Coulemelles, récoltées dimanche. Leur pied (stipe) est recouvert de chinures, le chapeau mamelonné habillé de mèches. Leur aspect « baguette de tambour » (ci-dessus) n’a rien à voir avec le pied épais et plutôt brun sombre de Chrorophyllum brunneum (photo ci-dessous) mais ces deux espèces, l’une comestible et l’autre pas du tout, font l’objet de confusions facheuses en ce moment répertoriées en nombre par les centres anti-poison.. 

Outre les Coulemelles à divers stades d’évolution, les participants (notamment les plus jeunes)

ont découvert, entre autres, beaucoup de Collybies du chêne, quelques Marasmes, Mycènes (dont Mycena seynesii sur plusieurs pommes des pins) et beaucoup de lignicoles (dont la Langue de bœuf –Fistulina hepatica– et le Polypore de Forquignon -Polyporus tuberaster-) Ce dernier dans les mains des fillettes ci-dessus et photographié peu après dans un autre bois du Porge (ci dessous).

En espérant pouvoir être au départ l’année prochaine? Alors écrira-t-on: Jamais trois sans quatre…

Michel Pujol

Auprès de leur arbre: fin de cycle? Amen!

Ce dernier jeudi toujours aussi secot et ce depuis longtemps. Dans le bois d’à côté, point d’amanites, russules ou bolets mais moult cyclamens malgré le manque d’eau. Pas de champignons? Que si. Auprès de leurs arbres les parasites vivent heureux bien que secs. En fin de cycle. Amen. La messe est dite.

Quelques Ganodermes luisants ont perdu de leur brillance supérieure et se détachent de leur support en cassant comme branche morte. Une poudre ocre s’envole alentour.

Les Polypores soufrés, bien en chair auparavant, s’émiettent au moindre pincement. 

En revanche, cette Langue de bœuf garde un peu d’élasticité et se tranche sans casser.

Les Amadouviers sont prêts à faire long feu

tandis que ce Polypore du bouleau colonise un bout de tronc au bout du rouleau. Foi de boulot! Vivement la pluie. A cette heure il y a bien quelques nuages noirs dans le ciel de la Métropole de Bordeaux mais pas une seule goutte. Madame Météo annonce, sans précipitation, quelques averses à venir prochainement dans ce coin girondin… 

Michel Pujol

Chaud devant: la même et seule espèce pas très loin

Allez vous souffrir que je vous reparle du soufré? Hier, nous sommes repassé devant la station du sujet de notre dernière chronique en date du 3 août. Toujours cette ambiance caniculaire dans le bois d’à côté et, cette fois, pas la moindre Russule ni Amanite même à pied en étoile… Sur le tronc de la dernière trouvaille, le Polypore soufré était en poussières ultra sèches sans doute mêlées de spores. 

Pas très loin de là, au bord d’un creux qui réceptionne habituellement l’humidité, nous apercevions une tache jaunâtre qui s’étalait sur un substrat boisé sombre, paraissant comme carbonisé. Un peu beaucoup sec ce Laetiporus sulphureus (montage photo ci-dessus). Peu propice à une éventuelle consommation tant le Chicken of the woods manquait et d’épaisseur et d’élasticité.

Seule espèce rencontrée lors de notre balade d’hier après avoir vérifié plusieurs stations de champignons thermophiles. Le Polypore soufré serait-il celui qui nous reste quand tous les autres nous ont oublié?

M.P.

Sans souffrir de la canicule: le soufré

Souffrez que je vous raconte … En ces temps de canicule peu de présence carpophorique dans les bois alentour. Il y a bien eu le 10 juillet trois Amanites au pied en étoile

espèce décrite par Sabo, ça ne s’invente pas mais en se mouvant en tennis entre feuillus et résineux et , bien sûr, en dehors de quelques lignicoles desséchés sur leur support point de carpophores.

Il y a quelques jours toutefois nous avions aperçu sur un tronc de feuillu, depuis très longtemps couché, quelques ondulations naissantes plutôt jaune clair laissant penser à … mais pas ouvertes comme… Aussi nous nous étions dit qu’il faudrait revenir dans quelques temps pour voir l’évolution mais cette canicule persistante nous laissait très dubitatif quant à la progression de la pousse. Sur ce gros tronc mais un peu plus bas que l’endroit d’apparition nous avions déjà récolté ce que les anglo-saxons appellent chicken wood. Aussi, hier était-il temps de vérifier. Ce qui fut fait hier.

Et c’était bien le Polypore soufré Laetiporus sulphureus qui s’était épanoui et nous regrettions de ne pas avoir photographié les pousses naissantes en forme de petites ondulations. Le manque total de pluie n’avait pas freiné la progression. Un peu plus loin nous allions retrouver l’Amadouvier en même état depuis quelques mois et

Fomes fomentarius restait figé alors que le « Soufré » s’étalait tendrement dessus-dessous. 

D’ailleurs, comme nous avons eu l’occasion de le signaler (cliquer sur les liens en début de texte) ce ne sont que les parties très tendres de ce champignon (pincer entre le pouce et l’index) qui méritent de passer à la poêle. 

Cela a été apprécié en famille le soir même.

Reste que le Poulet des bois est aussi adapté au menu … végétarien.

Michel Pujol

Presque rien ne pousse … sauf

Ces derniers jours pas grand chose dans le bois d’à côté. Alors ce dimanche nous espérions, un mois après,  retrouver les espèces rencontrées le 2 juin mais point de Russula virescens ni de Bolets du charme. En revanche, fidèle à sa station, la Girolle pruineuse offrait son chapeau  jaune à notre regard. En triple exemplaire. 

Ses plis bien réguliers ne laissaient aucun doute sur son identification. 

En cherchant bien à l’entour nous ne trouvions qu’une maigrichonne Collybie à larges feuilles. 

En dégageant le stipe du sol on apercevait bien le rhizome caractéristique de l’espèce. 

A proximité des trois précédentes, une quatrième Cantharellus pallens au chapeau un peu plus pâle s’offrait à l’objectif pour la photo de groupe. 

M.P.

Jubilé: champignons=jubilation?

Ce 2 juin Sa Majesté Elizabeth 2 paraît, à la télévision, au balcon de Buckingham alors que commencent les cérémonies de son jubilé de platine. Jour exceptionnel. Et qu’en est-il de nos champignons dans le bois d’à côté? Et si, après des jours d’attente (on le verra plus loin) c’était … royal? Un petit tour d’après-midi.

Première escale à notre station de Girolles pruineuses pour y découvrir de maigres exemplaires mais elles sont là! Et si, la chaleur aidant, les Verdettes commençaient à paraître?

Mais que oui. En voilà une

puis deux autres que nous acompagnons de deux notes jaune pâle recueillies quelques instants avant à 300 mètres de là. Un cèpe ne serait-il pas bienvenu pour un peu … jubiler?

Et nous le trouvons en rebroussant chemin, à découvert, après les Russula virescens, à environ quarante mètres des précédentes Cantharellus pallens.

Ce Cèpe d’été n’est plus très frais mais bien debout même si les tubes de l’Eté déchantent quelque peu. Seul Boletus aestivalis de notre randonnée mais pas le seul Bolet.

En effet, toujours à proximité, dans ce bois où chênes et charmes rivalisent de verdeur, nous rencontrons deux Bolets des charmes à ajouter à notre tableau de ce jour royal.

Il faut dire que les jours précédents, plutôt secs, ne nous avaient pas, en ces lieux, gâté en diversité fongique.

Le 19 mai étaient apparues nos premières Girolles pruineuses, toujours sur la même station que plus haut et 

cette Russule solitaire et quelque peu vieillissante que nous avions du mal à identifier. En postant son image sur Facebook des pistes de recherche étaient apparues (merci à Richard Gonzalez, Guillaume Eyssartier et Pierre-Arthur Moreau) orientant vers la section Ingrateae et sous-section Pectinatineae.

Bord du chapeau strié, pied creux à la base, saveur douce, Fer rosâtre, Gaïac vert foncé étaient nos premières observations. A la suite du passage sur Facebook étaient ajoutées quelques remarques notamment une « marge cannelée et un pied irrégulier et boursouflé », « un voile au bord du chapeau et à la base du pied ». Il était demandé la couleur de la sporée et les caractéristiques des spores.

Voilà ce que nous observions. 

Un seul exemplaire limite bien sûr les hypothèses. Nous n’avions pas ressenti l’odeur de baudruche propre à R. praetervisa. En revanche le voile jaune décrit pour R. insignis nous interpellait ainsi que la description de R. recondita

Les jours suivants précédant « the first Jubilé day », en deux endroits différents du bois d’à côté nous avions rencontré ce lignicole au pied en fuseau si caractéristique de l’espèce et

post jubilé, il y a deux jours une Amanite très classique lors de nos promenades.

Certes, la pluie a repris aujourd’hui 8 mai laissant présager quelques récoltes futures mais nous garderons le souvenir d’un sentiment de jubilation bien que d’Outre Manche. God save the mushrooms!

Michel Pujol

Petites pièces jaunes

Sec, très sec dans les bois girondins en particulier à Illats où, entre charmes, chênes et chataigners, dans des endroits plutôt aérés, nous avons le plaisir de rencontrer moultes espèces. Alors, hier un petit tour pour ne découvrir que feuilles sèches et sol idoine et puis, tout à coup, au milieu du désert mycologique, quatre points jaunes capturés au smartphone. 

Minuscules nos premières Girolles pruineuses et, au grattage, très séchées sur place. D’ailleurs, aujourd’hui, au lendemain de la collecte de ces petites pièces jaunes, nous les avons mises devant un objectif macro plus fidèle quant à leur portrait et posant avec une vraie pièce de deux euros. 

Sur fond noir , tapis de souris, la scène soulignait leur petitesse et les révélait encore plus sèches que la veille. Attendons qu’il pleuve pour retrouver bientôt sur leur station gradignanaise leurs sœurs jaunes enfarinées

Pour l’instant, notre dernière visite à l’entour date du 30 avril et s’est révélé moins prolixe que la précédente.  

En effet, outre Fomes fomentarius toujours bien accroché à son support, nous n’avons aperçu que cette Amanite moins jaune que les Girolles d’Illats mais quand même … citrine. Nous reviendrons sans nous presser.

Michel Pujol

Bande à part?

Hier, dans le bois d’à côté, nous allions vers le spot de Cantharellus pallens ayant vu sur le nombreuses pages Facebook dédiées que la Girolle pruineuse commençait à se montrer en Gironde. Las! pas de jaunette « saupoudrée de farine » mais, à proximité de notre station, se dressait fièrement (ci-dessus) ce Phallus impudicus à la tête vert foncé dévorée par les mouches qui en disséminent les spores. 

Tout près, un autre Phallus impudicus était moins convoité par les insectes zélés. Une seule mouche sur le chapeau clair ayant perdu non de sa superbe mais de son revêtement odorant. Allaient-ils être les deux seuls champignons faisant bande à part?

Que non bien sûr. A proximité, dans ce bois de feuillus, un jeune trapu (1) semblait être, décapuchonné, une sorte d’Amanite à lames blanches et à bulbe à peine rougissant (2). Tout à côté comme la tête d’une Russule (3) par trop mouchetés et nous retrouvions (4 et 5) les lames blanches et le pied bulbeux du jeune trapu. Proches d’Amanita rubescens? Mis de côté pour une prochaine étude microscopique. Donc pas de Girolle mais déjà deux espèces.

Leur présence constante ne saurait étonner. L’Amadouvier vu de dessus et un dessous ajouté, Fomes fomentarius traverse les saisons.

Egalement attaché aux arbres mais plutôt printanier ce polypore fait partie des espèces que nous trouvons en ces lieux parmi les premiers en début d’année. Vieille connaissance maintes fois photographiée Polyporus tuberaster s’identifie sans beaucoup d’efforts.

Tout comme les premiers de la bande qui, en définitive, n’étaient pas si seuls que ça.

Michel Pujol

Gyromitres et S.L.A.

S.L.A. ? Sclérose latérale amyotrophique ou maladie de Charcot. Récemment, un article publié par Recherche & Santé # 169 1er trimestre 2022 souligne, études scientifiques à l’appui, le lien entre la consommation de Gyromitres, en particulier Gyromitra gigas et l’apparition de cette maladie.

Si des recherches sur Internet montrent que l’information n’est pas véritablement un scoop ( Chasseur français, France 3, Sud-Ouest, BFM, Ouest France, Journal des femmes, Pourquoi docteur et  ARSLA entre autres parutions) le sujet nous a paru intéressant à développer d’autant que s’approchent les pousses de Morilles à alvéoles et les confusions avec les « cérébrées » Gyromitres. 

D’ailleurs, dans les articles, parus à l’automne 2021, dont nous donnons les liens plus haut il est souvent question de « Fausses Morilles » pour parler de ces Gyromitres. On relèvera que les espèces incriminées en lien avec la S.L.A. sont Gyromitra gigas (en Savoie) et Gyromitra esculenta (en Finlande).

En 2009 une médecin généraliste alerte sur un cluster à Montchavin en Savoie près de La Plagne. Pour la troisième fois en peu de temps elle vient de diagnostiquer la maladie de Charcot. Une enquête épidémiologique est lancée qui révèle l’existence de 11 autres cas dans ce village et à Saint-Is entre 1991 et 2013. On ne note pas de lien de parenté donc pas de cause génétique de même qu’une étude (recherche de traces de toxines bactériennes ou de plomb dans l’eau, de gaz radon dans les habitations, de pollution de l’air ou de la terre par des pesticides ou des métaux lourds) écarte les causes environnementales. Il sera établi ensuite que tous, âgés de 39 à 75 ans, ont consommé Gyromitra gigas.

D’un cluster l’autre

La piste alimentaire avait été suggérée par un toxicologue américain Peter Spencer, de l’université de l’Oregon. Il avait eu vent de ces cas français de S.L.A. alors qu’il travaillait sur une plante locale de l’île de Guam, dans l’ouest du Pacifique, le cicas du Japon à l’origine aussi de la même maladie. Consommée traditionnellement la graine du cicas (appelé « petit rameau » aux Antilles) contient des toxines proches par leur mode d’action de celles contenues dans ce Gyromitre. En ce qui concerne le cicas  il s’agit d’une cyanobactérie (BMAA) alors que pour Gyromitra gigas, en Savoie, on a affaire à une neurotoxine : l’acétaldéhyde N-methyl-formylhydrazone. Un autre cluster avait été localisé en Finlande avec 227 cas de SLA identifiés entre 1919 et 1945. Là, il s’agissait de la consommation crue d’un autre type de morilles Gyromitra esculenta.La toxine incriminée est ici la gyromitrine (familles des nitrozamines) aux mécanisme toxiques similaires à ceux de l’hydrazine. Enfin, les scientifiques relèvent, aux U.S.A., dans le Middle-West, une prévalence plus élevée de S.L.A. La consommation Gyromitra gigas y serait traditionnellement importante.

Peut-on confondre Morille et Fausse morille ? Ci-dessus on remarquera l’allure toute en alvéoles de Morchella esculenta et l’aspect cérébriforme de Gyromitra gigas. Du point de vue de leur toxicité on relèvera que ni les morilles et encore moins les gyromitres ne peuvent être consommés crus.

On pourra lire avec attention sur le site de la Société Mycologique de France les caractéristiques du syndrome gyromitrien et y relever, qu’outre Gyromita gigas et Gyromitra esculenta, Gyromitra infula serait aussi responsable de ce syndrome. 

Il y est rappellé que concernant la méthylhydrazine: « Certains dérivés de cette molécule servent de carburant aux moteurs des fusées ! ». Il est à noter que certains (nous en connaissons mais n’en faisons pas partie …) avec moultes précautions ingèrent des gyromitres. La toxine serait en partie détruite par la cuisson et la dessiccation (procédé d’élimination de l’eau) du champignon. Ainsi le fait de faire bouillir intensément et de jeter l’eau de cuisson serait, entre autres, une des étapes à respecter.

Le principe de précaution commande tout simplement de ne pas consommer ces espèces interdites à la vente. On sait aussi qu’il y a encore des cas d’intoxications avec des morilles insuffisamment cuites ou bien cuites mais mangées en trop grande quantité. Alors, les champignons c’est bon, voire délicieux en étant sûr de ce que l’on mange en les ayant parfaitement identifiés, en respectant les rêgles de préparation, dont la cuisson et … en petite quantité.

Michel Pujol 

Novembre, décembre, janvier: les reines hivernales

Nous aimons à les retrouver ces Chanterelles. La saison mycologique 2021-2022 répète pour Craterellus lutescens les apparitions des années précédentes. Premières pousses vers novembre, prolifération en décembre, présence en janvier et jusqu’en février. Nous verrons, le mois prochain si ce rythme perdure en 2022.  

Le gel a, bien sûr, quelques incidences sur les carpophores et il est recommandé, si consommation, de vérifier qu’il n’y a pas eu congélation-décongélation-dégradation en site naturel ouvert aux contaminations.

Ceux découverts avant hier (ci-dessus captés au smartphone) ne semblaient pas endommagés. Le mois dernier, sur la même station, ils étaient plus « présentables » (ci-dessous avec un … bon appareil photo)

C’était peu après Noël et nos lutescens luisaient de jaune. 

Ce jour là, outre les Chanterelles nous avions rencontré d’autres espèces. 

Parmi lesquelles des Laccaires, des fausses girolles (Hygrophoropsis aurantiaca) et des Agaricus sp. Avant-hier, nous n’avons pas remarqué autant d’espèces dans l’environnement des Chanterelles qui, encore en janvier, sont sur un … plateau de croissance.

Michel Pujol   

Concomitamment

La concomitance de lieux et d’apparitions de pousses de l’Amanite tue mouches et du Cèpe de Bordeaux est loin d’être un secret. Il n’est que, par exemple, de taper sur un moteur de recherches « Muscaria et Edulis » pour que de nombreux liens conduisent vers cette constatation.

Ainsi, hier en Gironde, dans un bois de Gradignan, n’avons nous pas été surpris de rencontrer à proximité l’une de l’autre ces deux espèces. Certes en quantité différente puisque les Amanites tue mouches sortaient à foison

et que les cèpes étaient bien moins nombreux quoique certains indices laissaient à penser que quelques uns d’entre eux avaient été prélevés 

et que celui resté sur place semblait avoir été déjà « canifé » (ci-dessous).

Tout autour, quelques espèces notamment hivernales perduraient.

Entre autres l’Amanite citrine, le Lycoperdon perlé, la Collybie à larges feuilles …

Mais, tout proche des amanites rouges à points blancs, se dressait, non découvert jusqu’alors, un Cèpe de bordeaux

tout en majesté et qui le soir même nous régala alors que très près, dans le même biotope, une Coulemelle

était sur sa fin loin de notre … faim.

Michel Pujol